Un reportage de la RTS paru le 16 janvier 2024 -Sujet TV: Cecilia Mendoza
L’enseignement de l’anatomie devient plus inclusif à la faculté de médecine de l’Université de Genève. On y enseigne désormais à quoi ressemblent les organes génitaux de personnes intersexes ou transgenres. Le but: mieux former les médecins à la réalité de leur future patientèle.
La représentation des organes génitaux humains est souvent entourée de tabous et de mauvaises conceptions. À la Faculté de médecine de Genève, le nouveau programme d’anatomie du système reproducteur et sexuel propose d’aborder la matière sous un prisme nouveau, en y intégrant les notions de diversité et d’inclusivité.
Un cours obligatoire de travaux pratiques, dispensés aux étudiants de deuxième année. « L’idée est de sensibiliser les futurs médecins à la diversité de leur patientèle » explique Céline Brockmann, collaboratrice scientifique à la Faculté de médecine.
Représentations schématiques
Premier enjeu pour les étudiants? Se rendre compte qu’il n’existe pas de taille, de couleur ou de forme standard. « Dans les manuels d’anatomie, les pénis et les vulves sont représentés de manière très schématique. Des représentations qui ne collent absolument pas à ce qu’on voit dans la vraie vie ou en clinique », détaille l’un des moniteurs du cours.
Au-delà des variations morphologiques, on explique aussi aux futurs médecins à quoi peuvent ressembler des organes mutilés par excision. Autre représentation importante, les organes de personnes intersexes et transgenres, modifiés de manière voulue et consentie par chirurgie ou traitement hormonal à l’âge adulte.
Inclure les notions de plaisir
Un enseignement qui se veut sans tabou grâce aux nouvelles techniques de modélisation et d’impression en 3D qui permettent une meilleure représentation.
Au-delà des éléments liés aux aspects urologiques et reproductifs, le cours intègre aussi la notion du plaisir sexuel.
Mathieu Nendaz, vice-doyen de l’enseignement pré-gradué de la Faculté de médecine, souligne que la plupart de ces connaissances existent depuis la fin du XIXe siècle. « Un exemple avec le clitoris, qui a été largement négligé dans l’enseignement », rappelle-t-il. « Ce sont des thématiques qui ne sont pas nouvelles, mais aujourd’hui la société en parle beaucoup plus. Avec la levée de certains tabous, notre institution a le devoir d’équiper aux mieux les futurs médecins », ajoute-t-il.
Dans les évaluations du cours, les résultats sont probants: le corps étudiant plébiscite cette nouvelle manière d’apprendre sur le fond comme sur la forme. La Faculté de médecine de Genève est pour l’heure la seule institution académique en Suisse à proposer ce genre d’enseignement.
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