Pour les gens, un des aspects les plus fascinants du projet SEX-ED + est que les outils sont moulés sur humain.e.s.
Les réactions vont de l’incrédulité (qui accepte de faire ça?) à la curiosité technique (comment ça fonctionne?) aux commentaires déplacés. Cela semble encore difficile à concevoir qu’un projet puisse se concentrer sur les organes génitaux dans une perspective éducative/scientifique, sans qu’il y ait de lien sexuel entre les protagonistes.
Se mettre nu.e dans le sous-sol de SEX-ED + est certes un expérience intime, mais on est loin de toute tension érotique.
Tests pour développer un nouvel outil
Les modèles viennent de différents horizons. Certain.e.s sont des ami.e.s qui veulent donner un coup de main. D’autres ont été rencontré.e.s lors de conférences ou se sont spontannément porté.e.s volontaires. Parfois, il faut des mois de discussion avant que ça se concrétise.
Lors de la première rencontre, les modèles peuvent poser toutes leurs questions, sur moi et sur le projet. Une personne a déjà investigué mon milieu sportif pour savoir si j’étais « safe ». C’est absolument correct. Je ne peux pas demander aux gens de se mettre à nu sans leur offrir la possibilité d’en savoir plus sur moi.
Après la première rencontre, je les préviens que je ne ferai pas de suivi et qu’il leur appartient de me revenir, ou pas, au moment de leur choix. Cela permet aux personnes qui sont mal à l’aise de dire « non » de créer leur propre espace pour dire « oui », sans pression.
Chaque session de moulage est différente et est pensée comme une rencontre intime. Aussi, le consentement enthousiaste et bien réfléchi est fondamental. Il est mentionné à toutes les étapes du processus qu’il est possible de se retirer du projet à tout moment.
Positif en béton quelques heures après le moulage
Une fois jour-J arrivé, et les organes rasés de frais, j’explique le processus, les matériaux utilisés, à quel moment je serai dans l’espace -ou pas- et ce qui est attendu des modèles.
Car il y a une chose importante à savoir : je ne moule pas les gens. Ielles le font eux/elles-mêmes. Ce qui veut dire que jamais je ne touche ou ne vois leur corps nu.
Pourquoi? Est-ce que ça ne serait pas plus efficace de le faire moi-même? Si, très certainement! Je maitrise mieux la technique, je connais les matériaux et je pourrais faire une empreinte parfaite en un seul essai.
Mais l’objectif n’est pas d’être rapide ou efficace. À la place j’accompagne la personne et lui explique comment faire. C’est eux et elles qui sont en contrôle du processus. Cela permet de sortir du rôle passif qui nous est souvent assigné dans l’examen/ le soin de nos organes génitaux (pensez à votre dernière visite gynécologique). Pourquoi prendre le contrôle alors qu’on peut redonner du pouvoir ? Ça en vaut la peine, même si pour cela il faut refaire le moulage trois fois.
Post-production
Pour certaines personnes c’est tel que tel, pas plus important que ça. Pour d’autres au contraire ça a une grande signification : c’est parfois la première fois qu’elles sont en charge d’un processus en lien avec leur corps et leurs organes génitaux. La première fois qu’elles se touchent. Ça a l’air de rien, mais ça change toute la dynamique.
Mais quid des pénis en érection? Dans ce cas, c’est simple, les modèles viennent avec leur(s) partenaire(s), on fait ensemble le moulage au repos, et je pars ensuite au café du coin faire un mot-croisé en attendant le signal du retour. Sexy hein?
Les gens pensent souvent que le moulage est la partie la plus difficile du processus. En fait non: les modèles sont sur place au maximum deux heures, et il me reste ensuite 2 ou 3 heures de travail pour couler les positifs et ramasser les dégats. C’est la suite du processus qui est plus complexe, mais ça, ce sera expliqué dans un autre post.
S’ils-elles le souhaitent, les modèles peuvent recevoir une copie de leur moulage.
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