Magaly Pirotte a initié et collaboré à la recherche Promouvoir des programmes d’éducation à la sexualité positive, inclusive et émancipatrice en partenariat avec l’UQAM (Université du Québec à Montréal) et la FQPN (Fédération du Québec pour le planning des naissances) dont le contenu et les conclusions ont mené à la création du projet SEX-ED +. On partage ici le communiqué de presse, le lien vers la recherche et la vidéo du lancement.
Communiqué de presse:
Montréal, le 27 septembre 2018 – Alors que les écoles primaires et secondaires du Québec doivent implanter le nouveau curriculum d’éducation à la sexualité, une étude menée par des chercheuses de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et la Fédération du Québec pour le Planning des naissances (FQPN), soutenue par le Service aux collectivités de l’UQAM, réclame une plus grande participation des jeunes. Le lancement du rapport de recherche Promouvoir des programmes d’éducation à la sexualité positive, inclusive et émancipatrice[1] avait lieu aujourd’hui à l’UQAM. L’étude a étudié les propos de 1 179 jeunes publiés dans 27 textes scientifiques en les regroupant dans une méta-analyse qualitative. La recherche peut être consultée ici.
Où sont les jeunes en éducation à la sexualité?
Les résultats démontrent que malgré les préjugés à l’égard des jeunes, ces dernières et derniers sont tout à fait en mesure de cerner leurs besoins en éducation à la sexualité. Selon l’étude, les programmes en éducation à la sexualité devraient promouvoir davantage l’implication des jeunes dès le départ et ce, tout au long de l’implantation, permettant ainsi le partage de leurs préoccupations et la définition d’objectifs d’apprentissages réalistes et pertinents.
Des rapports de pouvoir qui minent la qualité des apprentissages sur la sexualité
Les besoins des jeunes sont diversifiés en matière de connaissances sur la sexualité, mais ils et elles s’entendent sur la nécessité de sortir d’une éducation à la sexualité hétéronormative centrée sur la prévention des risques. L’étude démontre que les jeunes sont confrontés·es à plusieurs rapports de pouvoir lorsque la sexualité est abordée: propos stigmatisants, utilisation de la peur, interdiction d’aborder certains sujets, rétention d’information. « Les relations de pouvoir dans les classes minent la qualité de leurs apprentissages et vulnérabilisent celles et ceux qui vivent différentes situations d’oppression: capacitisme, cisexisme, classisme, colonialisme, hétérosexisme, racisme ou sexisme » mentionne Geneviève Pagé, professeure au département de science politique de l’UQAM.
Dans ce contexte, le rôle des pédagogues est d’assumer un leadership positif pour favoriser la création d’un environnement bienveillant. « Trop souvent, les adultes à l’école ferment les yeux sur les situations d’oppression, par exemple parce que c’est réalisé sous le couvert de l’humour, et cela a des répercussions sur les jeunes, surtout sur un sujet aussi intime que la sexualité », ajoute Geneviève Pagé.
Que veulent les jeunes dans leurs cours d’éducation à la sexualité?
Au niveau des contenus à aborder, les notions scientifiques concernant la biologie et la reproduction sont importantes du point de vue des jeunes, mais le spectre des apprentissages en éducation à la sexualité devrait être plus large pour parler de sexualité positive. « Au-delà de la contraception et des infections transmissibles sexuellement et par le sang qui sont souvent des sujets abordés en éducation à la sexualité, les jeunes veulent entendre parler de différentes sexualités et pratiques de façon assez explicite, tout comme de plaisir et d’érotisme. Surtout, la prise en compte de la diversité des corps et des expériences est importante pour ne pas reproduire des stéréotypes de la fille blanche hétérosexuelle privilégiée », note Julie Descheneaux, l’une des chercheuses du projet et doctorante en sexologie.
« Les aspects relationnels et affectifs, par exemple pour aborder les parcours amoureux, le consentement, la communication et les émotions, ou même l’amitié, sont aussi des sujets qui sont importants du point de vue des jeunes », ajoute Julie Descheneaux. « Les stéréotypes de genre, les relations saines, les ruptures, la jalousie, le sexting, le plaisir, etc. sont des sujets dont il faut parler pour faire une éducation à la sexualité positive et inclusive, puisque les jeunes découvrent les émotions et les relations intimes » soutient Magaly Pirotte, chercheuse indépendante et co-autrice de l’étude.
L’étude aborde également les approches pédagogiques à privilégier du point de vue des jeunes. « Une éducation à la sexualité qui veut rejoindre différentes capacités, origines, genres et expériences doit repenser l’inclusion en diversifiant les méthodes et approches. Les jeunes ont des besoins pluriels qui ne sont pas tous conciliables en la matière. Surtout, il faut une meilleure représentation de la diversité, par exemple des femmes en situation de handicap, dans le matériel pédagogique » souligne Magaly Pirotte.
L’éducation à la sexualité, un droit pour toutes et tous
Le taux de nouveaux cas de plusieurs ITSS a augmenté au Québec ces dernières années, particulièrement chez les 15 -24 ans, le nombre d’infractions d’ordre sexuel est à la hausse et les victimes d’agressions à caractère sexuel continuent d’être majoritairement des femmes (84% des victimes dont les deux tiers sont âgés de moins de 18 ans). Les jeunes LGBTQ+ continuent d’être la cible d’intimidation et de harcèlement scolaire.
« C’est inacceptable d’en être là en 2018 au Québec. Le droit des jeunes à l’éducation et à la santé inclut la santé sexuelle dans sa globalité. Cette éducation doit passer par les écoles pour que les jeunes, quel que soit leur milieu social, économique, familial, culturel, puissent accéder à un ensemble de connaissances basées sur une approche positive, inclusive et émancipatrice leur permettant de construire leur propre trajectoire » affirme Cindy Pétrieux, co-coordonnatrice à la FQPN.
[1] Autrices du rapport : Julie Descheneaux (doctorante en sexologie), Geneviève Pagé (professeure au département de science politique), Chiara Piazzesi (professeure au département de sociologie), Magaly Pirotte (chercheuse indépendante) en collaboration avec la FQPN. L’étude a été soutenue par le Programme d’aide financière à la recherche et à la création de l’UQAM (volet 2 : Service aux collectivités) et par le Réseau Québécois en Études Féministes (RéQÉF).
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