Sur les réseaux sociaux, on montre principalement les grandes réussites entrepreneuriales. Pourtant, de nombreux projets, comme SEX-ED +, sont de petite taille et vraiment satisfaits de l’être et de le rester.
En tant qu’entrepreneur.e.s on a toustes notre bagage, nos circonstances, nos idéaux politiques et une certaine conception de ce que ça veut dire avoir de l’impact. Il est important de rendre tout ça visible afin que les gens soient moins intimidés et puissent envisager de faire les choses différemment et d’explorer de nouvelles avenues. Je pense que la responsabilité sociale et environnementale ainsi que la cohérence politique peuvent être au cœur d’un projet entrepreneurial. En tout cas je veux y croire.
Que je le veuille ou non, je suis une cis-business-woman. Parce que je tire mes revenus de la vente des modèles que je crée. MAIS le fait d’être en affaires n’est qu’un effet secondaire du projet, parcequ’aucune institution ou université n’était disposée à le financer au départ.
J’ai donc créé une entreprise sans le vouloir et sans suivre les recommandations classiques… et vous savez quoi ? Je ne regrette rien. Parce que je l’ai fait de la manière qui me semblait la plus cohérente. Même si ça n’a pas de sens pour les autres, ça n’a pas vraiment d’importance parce qu’en fin de compte, c’est moi qui vis avec les conséquences de mes décisions.
Voici donc ma recette pour être une semi-accomplie femme d’affaire pas très capitaliste.
Travailler seule
Je n’aime pas vraiment avoir de boss. Je ne veux pas le devenir. Au fur et à mesure que le projet a pris de l’ampleur, j’ai développé des collaborations avec des personnes qui ont une expertise spécialisée et on aime travailler ensemble. Lorsque j’ai de l’argent, je leur demande de l’aide. Lorsque je n’en ai pas, je le fais moi-même afin de pouvoir gérer mon budget au mieux sans me sentir responsable des revenus de quelqu’un d’autre.
Ces derniers mois, les ventes ayant diminué, j’ai dû baisser mon salaire. Je n’aurais jamais fait cela à un.e employé.e. Le fait de travailler seule me donne de la flexibilité et de la tranquillité d’esprit. Ce n’est probablement pas le secret de la croissance mais ça n’a jamais été l’objectif de toute façon. Et je dors la nuit.
Savoir ce dont j’ai besoin
Lorsqu’on démarre un projet, tout le monde dit que pour avoir un impact, il faut croitre et INVESTIR… heu… J’ai toujours refusé de prendre un prêt. Je ne dépense pas d’argent que je n’ai pas.
Ce projet a été envisagé comme un coup de pied au cul du statu quo. Il fallait le faire, mais personne ne voulait s’y coller. Tout a commencé par un crowdfunding de 5 000 dollars. Personne ne pouvait prédire où cela mènerait. C’est rapidement devenu un travail à temps plein. Mais je n’ai pas de sécurité dans la vie, ni d’argent de côté, ni une famille riche.
J’ai donc décidé de ne jamais m’endetter.
Ainsi, si cela ne marche pas, je peux « tirer la plug », trouver un emploi et ne pas compromettre mon avenir. Et je m’y suis tenu, ce qui me permet de dormir la nuit. Il ne faut jamais sous-estimer le luxe d’une bonne nuit de sommeil.
Faire partie d’une communauté scientifique
Parfois, lorsqu’on fabrique des objets, on peut devenir la personne qui a une entreprise et qui essaie de vendre des produits. Ce n’est pas moi, et ce n’est pas le but de ce projet. Il s’agit de promouvoir une meilleure connaissance des anatomies génitales et de la santé sexuelle ET de la traduire/médier pour que les personnes qui font le travail sur le terrain (médecins, infirmières, éducateurs sexuels, gynécologues-obstétriciennes, etc) puissent y avoir accès. Je suis heureuse de pouvoir dire que je pense avoir réussi, car j’ai développé des collaborations fructueuses avec des chercheures que je respecte profondément (et je pense ce respect réciproque).
S’autodétruire et tout mettre à disposition gratuitement
Via une base de données 3D avec la possibilité d’imprimer le matériel en 3D. C’était l’idée au départ du projet. C’est toujours le but. Quelque chose qui est fabriqué à la main au Canada ne sera jamais accessible pour beaucoup de gens dans le monde. La science doit être accessible et gratuite. L’objectif de ce projet est d’être relâché dans la nature, de vivre sa vie et de contribuer au pool mondial des connaissances.
Une fois que ce sera fait, la femme-d’affaires-à-moitié-réticente sera également libérée de son sous-sol et se lancera dans de nouvelles aventures, très probablement toujours dans le domaine de la santé sexuelle.
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